La Transformation digitale à l’ère du numérique «La Révolution 4.0»

La Carrière Professionnelle à l'épreuve de la Transformation 4.0

La révolution numérique a profondément changé le paysage économique et social créant ainsi des défis et des opportunités uniques pour les entreprises et les individus. La transformation 4.0, également connue sous le nom de quatrième révolution industrielle est caractérisée par l’essor de la technologie numérique, l’automatisation des processus, l’intelligence artificielle et la connectivité des objets.

Les entreprises qui s’adaptent à la transformation

4.0 peuvent profiter d’un certain nombre d’opportunités, telles que l’amélioration de l’efficacité opérationnelle, la création de nouveaux modèles d’affaires, l’augmentation de la productivité et la fourniture de services personnalisés et innovants. Cependant, la transformation numérique pose également des défis importants, notamment la concurrence accrue, la sécurité des données et la formation du capital humain.

Les entreprises doivent être prêtes à s’adapter aux changements en cours et à explorer de nou- velles opportunités, tout en gérant les risques associés à la transformation 4.0. Les individus doivent également développer des compétences numériques pour rester pertinents sur le marché du travail et tirer parti des opportunités offertes par la révolution numérique.

Dans l’ensemble, la révolution numérique présente des défis et des opportunités pour les entreprises et les individus, nécessitant une adap- tation constante et une évolution pour rester com- pétitifs dans un monde en constante évolution.

C’est dans cette perspective que le Centre Inter- national de l’Entreprise a élaboré ce dossier afin de fournir aux interessés, un aperçu des tendances actuelles de la transformation numé- rique et de la manière dont elle va influencer les entreprises et la société dans son ensemble.

Grégoire Evéquoz est psychologue du travail et consultant formateur indépendant.

Il a été pendant près de quinze ans directeur général d’un service public d’orientation et de formation professionnelle. Auteur d’ouvrages, d’articles, de chroniques, il est un expert reconnu en Suisse et à l’étranger sur les questions de formation, d’orientation professionnelle, de gestion de carrière. Il est également président de la fondation Focustech, qui a pour mission de promouvoir la formation et la recherche dans le domaine des technologies de l’information et de la communication.

En plus, il est président d’honneur du réseau Cités des métiers, un réseau international de centres d’information et d’orientation professionnelle qui vise à aider les personnes à mieux comprendre le monde du travail et à développer leurs compétences professionnelles.

Evéquoz. G. ( 2019), La carrière professionnelle 4.0 Tendances et opportunités. Genève. Slatkine Editions. 156 pages

Ce chapitre 1 intitulé « Emplois, Métiers, Formation : vers la disparition des repères traditionnels » traite les grands changements opérés au niveau des repères qui sont à la base du modèle de l’orientation professionnelle et de la gestion du parcours professionnel.

Ces repères se rapportant notamment à la visibilité des médias, la stabilité des carrières, la durabilité des compétences, la prépondérance des diplômes n’existent quasiment plus. Les individus ne pourront plus s’insérer dans le monde du travail, s’y maintenir avec les mêmes modalités qu’aujourd’hui.

Face à ce contexte, la disparition des repères traditionnels aura pour conséquence :

  • d’obliger à repenser profondément le système de formation
  • d’influencer le déroulement des parcours professionnels, des carrières ainsi que les critères de choix de sa première formation
  • de peser sur l’organisation des entreprises et sur la façon de rétribuer le travail.

La connaissance de ces enjeux est primordiale pour en percevoir les conséquences.

Le présent chapitre s’articule autour de 7 points :

1.Les compétences deviennent de plus en plus obsolètes

Compte tenu de nouvelles technologies et du niveau de leur progression, la grande partie des connaissances acquises en formation ou en emploi ne seront plus adaptées à la pratique des métiers et aux mutations de travail.

Avec cette obsolescence des compétences, c’est le fondement même de la conception de la formation qui se trouve mis en jeu.

  • L’obsolescence des compétences est surtout présente chez les séniors : En fin de compte, le risque d’une obsolescence des                    compétences touche aussi bien ceux qui sont en début de carrière que ceux qui sont à la fin.
  • L’obsolescence des compétences ne concerne que les métiers de l’informatique contrairement à une idée souvent répondue, il est erroné de penser que seule l’informatique est touchée face à la rapidité des évolutions technologiques. Le digital et le numérique concernent tous les secteurs. L’obsolescence des compétences ne concerne pas seule- ment les évolutions technologiques mais elle peut être consécutive à des changements de mode et d’habitude.
  • L’obsolescence des compétences touche essentiellement les personnes faiblement qualifiées Il est tout à fait normal de conclure que les personnes les plus faiblement qualifiées se trouvent plus exposées à l’obsolescence des compétences. Il est de même pour les personnes hautement qualifiées. eu égard de ces conclusions, tous les professionnels doivent réactualiser en permanence leurs compétences.

2.Les diplômes sont indispensables mais plus suffisants

L’obtention d’un diplôme est une étape indispensable à toute insertion. Elle permettra de marquer au début de la vie professionnelle l’identité de la personne. Toutefois, le diplôme ne peut plus constituer un repère sans faille.

Emplois, métiers, formation : Vers la disparition des repères traditionnels

Un nombre toujours plus grand de diplômés

Le niveau croissant de la population se traduit notamment par l’importance de la concurrence et par un nombre croissant de diplômés.

De point de vue des employeurs, le diplôme n’arrive plus en tête des critères pris en compte pour la sélection des candidats.

A présent, le choix des candidats est basé sur 3 paramètres classés par ordre d’importance :

  • Expérience professionnelle
  • Qualités personnelles et professionnelles, connues sous la terminologie de compétences transversales, compétences clés ou Soft Skills
  • Qualité du Diplôme

►Besoin de nouvelles compétences

Les compétences techniques liées au cycle de formation ne sont plus suffisantes. La recherche d’un travail ou le maintien en emploi requièrent d’autres compétences  douces appelées «Soft Skills». Ces compétences ne peuvent pas s’acquérir à l’école. Elles découlent de l’environnement du diplômé, de ses capacités d’adaptation au change- ment et de son savoir faire.

L’exercice de plusieurs métiers en même temps Dans le cadre de son activité professionnelle, une personne est amenée à changer de métier et donc de bénéficier éventuellement d’une expérience.

En outre, par passion ou par nécessité, elle aura tendance à exercer plusieurs métiers en même temps ou pratiquer le Slashing. Ceci étant, le diplôme précédemment acquis ne correspond pas forcément aux nouvelles activités.

En conséquence, les personnes qui changent de métier doivent apprendre leur nouveau métier sur le tas en se formant ou en utilisant d’autres manières que celles traditionnelles.

►Les nouveaux métiers n’ont pas toujours de formations et de diplômes correspondants.

Pour un certain nombre de métiers qui n’existaient pas il y a quelques années, il n’y a pas encore de diplômes et de formations adaptés.

Par ailleurs, parmi les métiers qui existent, la plus part vont évoluer, se transformer de telle sorte que leur maitrise devra être attestée par d’autres preuves que le diplôme acquis il y a quelques années.

►Le déclassement du diplôme

Un phénomène apparait depuis les années 2000, c’est le déclassement ou la perte de la valeur des diplômes. En conséquence :

  • Le diplôme ne peut plus constituer un repère,
  • L’employeur considère qu’il n’est pas utile à la réalité des tâches à exercer.

Face à cette situation, le détenteur d’un diplôme se trouve souvent obligé d’occuper un emploi moins qualifié que celui auquel il pourrait prétendre grâce à son niveau de qualification.

3.Les nombreuses incertitudes liées à l’emploi

Les nouvelles technologies ont un impact aussi bien sur l’évolution des métiers dans leur forme et leur contenu qu’au niveau des repères utilisés pour choisir sa formation, son travail ou gérer sa carrière.

En fin de compte, on aboutit à un ‘’ Tsunami numérique’’. Les avis des experts s’avèrent plutôt contrastés quant au fait que les nouvelles technologies créent des emplois ou en suppriment. Ce qui est de nature à renforcer les angoisses et les inquiétudes.

4.L’évolution des métiers n’a plus de visibilité

Compte tenu de variables incontrôlables, l’évolution des métiers n’est plus visible. Toutefois, si la notion de métier se transforme, ceci est dû notamment à l’impossibilité d’anticiper l’avenir.

Emplois, métiers, formation : Vers la disparition des repères traditionnels

►Perte de visibilité

Les nouveaux métiers seront souvent invisibles au plus grand nombre. Ce qui s’explique par le fait que le public reste figé aux stéréotypes traditionnels sans prendre en compte la nouvelle dimension technologique.

►Dénominations peu compréhensibles. La dénomination du métier est importante. Elle permettra de lui donner son existence.

Le problème, c’est que les nouveaux métiers auront des dénominations anglaises qui manquent de signification, or dans la pratique, pour qu’un métier existe, il est nécessaire :

  • de lui donner un nom qui soit connu et admis ;
  • qu’il soit adapté aux besoins de l’économie et de la société en intégrant les nouveaux progrès technologiques.

L’avenir impossible à anticiper

Compte tenu de la forte évolution des nouvelles technologies, il est impossible d’anticiper avec précision ce que seront les nouveaux métiers.

Une bonne partie de ceux exercés aujourd’hui n’existaient pas il y a quelques années.

En outre, certains métiers vont disparaître, d’autres vont apparaître.

Cette situation est confirmée par un certain nombre d’experts

►Du métier « Prêt à exercer » au « Métier sur mesure»

Avec l’obsolescence des compétences, la rapidité des évolutions technologiques et les nouveaux besoins de l’économie, la logique sera renversée. Ce sera de moins en moins le métier qui va précéder l’emploi, mais plutôt l’emploi et ses évolutions qui vont créer en permanence les nouveaux métiers et conduire à la suppression d’autres. Ce qui aura pour conséquence d’influencer les modes d’apprentissage ainsi que le rôle de la formation.

►L’orientation professionnelle : Mission impossible?

L’orientation professionnelle avait pour objectif la recherche d’une adéquation entre le profil de la personne, ses aptitudes, ses intérêts avec la description des métiers dans un environnement stable.

A l’heure actuelle, ce modèle est devenu complétement caduc du fait que l’accélération de nouvelles technologies et les progrès qu’elles connaissent rendent difficiles les prédictions. Les carrières professionnelles ne sont plus linéaires et continues

.Elles sont faites de ruptures, de transitions et de changements. C’est pourquoi il est évident de parler de parcours professionnels.

5.Les contrats à durée indéterminée ont du plomb dans l’aile

Le développement des contrats à durée déterminée à travers plusieurs pays est un signe très visible de la fin des principaux repères utilisés traditionnelle- ment pour le choix des parcours.

Ce changement s’explique à travers les nouvelles formes de travail qui s’imposeront progressivement dans le futur suite aux évolutions technologiques.